enfant

Regards croisés : de quoi l’école maternelle est-elle le nom ?

2017-11-28T19:39:23+01:0028-11-2017|Catégories : Actu|Mots-clés : , , |

Par Julie Hebting, Co-fondatrice et Responsable de développement de projet chez Maydée.

Une découverte par inadvertance

Depuis peu, mon fils de 3 ans a commencé l’école. Je n’ai rien remarqué au début. Puis c’est devenu une évidence. Le nom de l’établissement, “École Maternelle” me renvoie chaque jour l’idée que c’est mon rôle, un rôle de femmes, de s’occuper des jeunes enfants.

En effet, en regardant de plus près, en me rendant à l’école, le constat était sans appel : il n’y a que des femmes dans cet espace. Ce sont majoritairement les mères qui déposent les enfants le matin et les récupèrent le soir, et le personnel de l’établissement est majoritairement féminin. S’agissait-il d’un épiphénomène ou d’une simple représentation de la réalité ? J’ai mené mon enquête … 

Gif Dana Scully Maydée

Et roulement de tambour … Mon œil ne m’avait pas trompée. Les trajets aller-retours sont majoritairement pris en charge par les mères.

Puis j’ai cherché à savoir qui travaillait dans cette institution. Résultat : l’enseignement public du premier degré est assuré à 83,5% par des femmes. Cette désignation d’école maternelle avait-elle un effet sur le taux élevé de femmes dans l’enseignement du premier degré ? Je ne pense pas qu’on puisse directement faire de lien. Si on regarde chez nos voisins allemands, les enfants vont dans des jardins d’enfants (Kindergarten) et le personnel est aussi majoritairement féminin. Il y a seulement 5,2% d’hommes.

L’effet domino

Il n’empêche que cette découverte a fait écho avec tous les articles que j’avais vus passer cet été. Après le buzz de la BD d’Emma “Fallait demander”, j’ai vu de nombreux articles conseillant aux femmes d’apprendre à déléguer ou à lâcher prise, sous-entendant que l’inégale répartition de la charge mentale serait principalement la faute des femmes qui ne savent pas déléguer, entretenant par la même occasion leur culpabilité. Mon interrogation est simple : comment fait-on pour lâcher prise quand tant de choses dans notre environnement, notre quotidien (école maternelle, clichés sexistes dans la pub, blog de mamans parfaites, …) nous renvoient à notre rôle de femme, de mère ?

Julie Hebting.

Antoine, papa au foyer

2017-11-29T10:47:32+01:0028-11-2017|Catégories : Actu|Mots-clés : , , |

Papa de deux enfants de 9 mois et 3 ans, Antoine R., 30 ans nous raconte aujourd’hui son expérience de papa au foyer.

Bonjour Antoine. Depuis quand es-tu papa au foyer ? Est-ce un choix ?

« Je suis en congé parental depuis le 15 août 2017… depuis trois mois. Je ne les ai pas vus passer.

Oui, c’est un choix. Je n’étais pas obligé de le faire, mais les circonstances l’ont facilité. Nous avons 30 ans tous les deux ma compagne et moi, et comme d’autres trentenaires nous nous sommes questionnés sur la suite de notre carrière. Ma compagne y a répondu plus vite que moi, en décidant de faire un MBA à Fontainebleau.

Ne ne voulions pas vivre séparés. Nous avons donc décidé d’un commun accord de quitter Paris et de nous installer ensemble à Fontainebleau pour un an.

J’ai quitté mon travail à Paris. Je souhaitais prendre le temps de voir grandir les enfants et de profiter un peu plus d’eux. J’étais sûr de mon choix, et au bout de trois mois je ne le regrette pas. »

Quelles ont été les réactions dans ton entourage (famille, ami.e.s, collègues) ?

« La famille de ma compagne comprend et accepte ce choix. Mes parents aussi, mais ils sont plus nuancés. Ils ne me verraient pas faire durer cette situation plus d’un an. En clair, ils seraient déçus si je décidais d’être père au foyer pendant les cinq ou six prochaines années.

Les collègues plus âgés et ayant des enfants m’ont tous dit que j’avais fais un super choix. Les plus jeunes n’ont pas perçu les enjeux.

Sinon, je reçois très souvent des marques de sympathie dans la rue… qui proviennent uniquement de femmes. Elles trouvent ça super, un papa qui s’occupe de ses enfants. Les hommes me demandent plutôt : « Comment fais-tu ? ». La première idée qui me vient alors à l’esprit, c’est qu’ils n’ont sûrement jamais posé cette question à des femmes. La deuxième, c’est que je ne suis pas un surhomme, mais qu’il me paraît évident de m’occuper de mes enfants. De nombreuses femmes l’ont fait avant moi, et parfois avec plus d’enfants et moins de commodité. »

Comment est-ce que tu vis ta vie de père au foyer ? Est-ce une expérience enrichissante/épanouissante ?

« Je le vis très bien. Cela fait du bien de prendre du temps dans cette société de plus en plus rapide, de s’adapter à un autre rythme, celui des enfants. Il y a moins de stress, sauf un peu le soir, quand ils ont faim. Mais, en général, c’est un problème qui se règle assez vite !

C’est une super expérience pour les enfants et moi. Je les connais vraiment maintenant. Après les onze jours de congé paternité, lorsque je voulais passer du temps avec notre fils, je posais sans cesse des questions à ma compagne : est-ce qu’il a faim ? Est-ce qu’il est fatigué ? Bref, j’avais l’impression de ne pas savoir faire.

Désormais, c’est un peu l’inverse qui se produit. J’ai vraiment l’impression de pouvoir leur apporter quelque chose, je me sens plus légitime. J’ai le temps de faire plus que de la logistique (repas, changement de couche,…). »

Est-ce que tu penses que ce choix aura un impact sur ta vie professionnelle future ? Si oui, pourquoi ?

« Je pense pas que cela aura un impact sur ma vie professionnelle. Je vais peut-être rater certains changements dans ma profession, mais je compenserai avec une fraîcheur mentale lorsque je retravaillerai. Je continue de regarder mon compte Linkedin. J’ai même eu une proposition de rendez-vous !« 

Actuellement, il y a une pétition sur change.org pour “un congé paternité digne de ce nom”, lancée par le magazine Causette. Qu’en penses-tu ? Tu penses aussi que le congé paternité de onze jours est trop court ?

« C’est une bonne chose que cette pétition ait relancé le débat, car onze jours cela permet uniquement d’assurer un retour à la maison, mais c’est bien trop court pour vraiment connaître son enfant. Je ne pense pas que le congé paternité de six mois obligatoire soit une alternative. Une des meilleures solutions serait de laisser le choix aux parents de moduler leurs congés maternité/paternité (congés complets et/ou travail partiel).« 

Seuls 12 % des pères ont modifié leur temps d’activité au-delà de leur congé de paternité. Quels sont les freins rencontrés par les hommes d’après toi ?

« Parmi les principales difficultés, il y a la mauvaise connaissance des dispositifs. A titre personnel, je ne savais pas que je pouvais bénéficier d’un congé parental partiel dès le premier enfant. Pour ça, il faut avoir un an d’ancienneté, ce qui n’est pas toujours évident à une époque où on change souvent d’entreprise. Enfin, il faut surtout pouvoir le faire accepter, sans conséquences, par l’entreprise dans laquelle on travaille.« 

Enfin, si tu devais faire la promotion de la vie de papa au foyer, quels seraient tes trois arguments pour convaincre d’autres hommes à passer le pas ?

« Je suppose que si l’on a des enfants, c’est pour passer du temps avec eux. Pour ça, le congé parental est une sacré opportunité. Etre père au foyer, c’est pouvoir passer du temps de qualité avec ses enfants et les voir grandir.« 

Go to Top