égalité

Antoine, papa au foyer

2017-11-29T10:47:32+01:0028-11-2017|Catégories : Actu|Mots-clés : , , |

Papa de deux enfants de 9 mois et 3 ans, Antoine R., 30 ans nous raconte aujourd’hui son expérience de papa au foyer.

Bonjour Antoine. Depuis quand es-tu papa au foyer ? Est-ce un choix ?

« Je suis en congé parental depuis le 15 août 2017… depuis trois mois. Je ne les ai pas vus passer.

Oui, c’est un choix. Je n’étais pas obligé de le faire, mais les circonstances l’ont facilité. Nous avons 30 ans tous les deux ma compagne et moi, et comme d’autres trentenaires nous nous sommes questionnés sur la suite de notre carrière. Ma compagne y a répondu plus vite que moi, en décidant de faire un MBA à Fontainebleau.

Ne ne voulions pas vivre séparés. Nous avons donc décidé d’un commun accord de quitter Paris et de nous installer ensemble à Fontainebleau pour un an.

J’ai quitté mon travail à Paris. Je souhaitais prendre le temps de voir grandir les enfants et de profiter un peu plus d’eux. J’étais sûr de mon choix, et au bout de trois mois je ne le regrette pas. »

Quelles ont été les réactions dans ton entourage (famille, ami.e.s, collègues) ?

« La famille de ma compagne comprend et accepte ce choix. Mes parents aussi, mais ils sont plus nuancés. Ils ne me verraient pas faire durer cette situation plus d’un an. En clair, ils seraient déçus si je décidais d’être père au foyer pendant les cinq ou six prochaines années.

Les collègues plus âgés et ayant des enfants m’ont tous dit que j’avais fais un super choix. Les plus jeunes n’ont pas perçu les enjeux.

Sinon, je reçois très souvent des marques de sympathie dans la rue… qui proviennent uniquement de femmes. Elles trouvent ça super, un papa qui s’occupe de ses enfants. Les hommes me demandent plutôt : « Comment fais-tu ? ». La première idée qui me vient alors à l’esprit, c’est qu’ils n’ont sûrement jamais posé cette question à des femmes. La deuxième, c’est que je ne suis pas un surhomme, mais qu’il me paraît évident de m’occuper de mes enfants. De nombreuses femmes l’ont fait avant moi, et parfois avec plus d’enfants et moins de commodité. »

Comment est-ce que tu vis ta vie de père au foyer ? Est-ce une expérience enrichissante/épanouissante ?

« Je le vis très bien. Cela fait du bien de prendre du temps dans cette société de plus en plus rapide, de s’adapter à un autre rythme, celui des enfants. Il y a moins de stress, sauf un peu le soir, quand ils ont faim. Mais, en général, c’est un problème qui se règle assez vite !

C’est une super expérience pour les enfants et moi. Je les connais vraiment maintenant. Après les onze jours de congé paternité, lorsque je voulais passer du temps avec notre fils, je posais sans cesse des questions à ma compagne : est-ce qu’il a faim ? Est-ce qu’il est fatigué ? Bref, j’avais l’impression de ne pas savoir faire.

Désormais, c’est un peu l’inverse qui se produit. J’ai vraiment l’impression de pouvoir leur apporter quelque chose, je me sens plus légitime. J’ai le temps de faire plus que de la logistique (repas, changement de couche,…). »

Est-ce que tu penses que ce choix aura un impact sur ta vie professionnelle future ? Si oui, pourquoi ?

« Je pense pas que cela aura un impact sur ma vie professionnelle. Je vais peut-être rater certains changements dans ma profession, mais je compenserai avec une fraîcheur mentale lorsque je retravaillerai. Je continue de regarder mon compte Linkedin. J’ai même eu une proposition de rendez-vous !« 

Actuellement, il y a une pétition sur change.org pour “un congé paternité digne de ce nom”, lancée par le magazine Causette. Qu’en penses-tu ? Tu penses aussi que le congé paternité de onze jours est trop court ?

« C’est une bonne chose que cette pétition ait relancé le débat, car onze jours cela permet uniquement d’assurer un retour à la maison, mais c’est bien trop court pour vraiment connaître son enfant. Je ne pense pas que le congé paternité de six mois obligatoire soit une alternative. Une des meilleures solutions serait de laisser le choix aux parents de moduler leurs congés maternité/paternité (congés complets et/ou travail partiel).« 

Seuls 12 % des pères ont modifié leur temps d’activité au-delà de leur congé de paternité. Quels sont les freins rencontrés par les hommes d’après toi ?

« Parmi les principales difficultés, il y a la mauvaise connaissance des dispositifs. A titre personnel, je ne savais pas que je pouvais bénéficier d’un congé parental partiel dès le premier enfant. Pour ça, il faut avoir un an d’ancienneté, ce qui n’est pas toujours évident à une époque où on change souvent d’entreprise. Enfin, il faut surtout pouvoir le faire accepter, sans conséquences, par l’entreprise dans laquelle on travaille.« 

Enfin, si tu devais faire la promotion de la vie de papa au foyer, quels seraient tes trois arguments pour convaincre d’autres hommes à passer le pas ?

« Je suppose que si l’on a des enfants, c’est pour passer du temps avec eux. Pour ça, le congé parental est une sacré opportunité. Etre père au foyer, c’est pouvoir passer du temps de qualité avec ses enfants et les voir grandir.« 

29 juillet 10h13

2023-04-13T13:38:03+02:0028-11-2017|Catégories : Actu|Mots-clés : , |

Depuis le 3 novembre à 11h44 précisément, les femmes travaillent bénévolement. En effet, d’après l’asso Les Glorieuses, avec un écart salarial de 15,8% tous secteurs confondus, les femmes travaillent « gratuitement » pendant 39,7 jours ouvrés (pour mieux comprendre, relisez ici l’article des Glorieuses).

Parce qu’on aime les problèmes de maths, et que nous savons qu’inégalités professionnelles et inégalités domestiques sont intimement liées, on s’est demandé, à la manière des Glorieuses, à partir de quel jour les femmes devraient arrêter d’effectuer les tâches domestiques pour être à 50/50 avec les hommes.

Résultat : au bout de 209, 437 jours les femmes ont déjà consacré autant de temps aux tâches domestiques que les hommes en 1 année, c’est-à-dire le …. 29 juillet à 10h13 !

Pourquoi se poser cette question ?

Quand on a vu la très chouette campagne des Glorieuses, deux choses nous ont mis la puce à l’oreille :

1. Tout d’abord, et les Glorieuses le soulignent très bien, l’inégale répartition des tâches domestiques est un facteur majeur des inégalités professionnelles, et donc des inégalités salariales.

“Les perspectives de carrière et la possibilité d’obtenir un salaire plus élevé pour les femmes sont entravées par le fait qu’elles connaissent davantage d’interruptions au cours de leur carrière que les hommes. Ces différences sont essentiellement liées à la place qu’elles occupent dans la sphère privée (éducation des enfants, prise en charge des parents, tâches ménagères et charge mentale – ensemble des préoccupations à propos des tâches domestiques ou éducatives – afférente).”

Plusieurs études le montrent : on sait par exemple que les femmes renoncent davantage que les hommes à leurs ambitions professionnelles pour leur vie de famille (18% des femmes contre 6% des hommes).

2. Les tâches domestiques, effectuées à 72% par les femmes, c’est déjà du travail bénévole. Un travail, sans rémunération, qui est encore trop souvent l’apanage des femmes.

Les femmes ne seront pas rémunérées à leur juste valeur dans le cadre professionnel tant qu’il sera considéré que le travail domestique est d’abord leur affaire.

Comment on a fait ?

Pour savoir à partir de quelle date les femmes ont effectué autant de tâches domestiques que les hommes en un an, on est parti du constat suivant : les hommes consacrent en moyenne 105 minutes par jour aux tâches domestiques, et les femmes 183 minutes

(183-105) / 183 = 42,62 %

Les hommes accordent donc 42,62% de moins que les femmes aux tâches domestiques.

Sur 1 année (365 jours), ça correspond à 155,57 jours que les hommes consacrent en moins aux tâches domestiques.

365 – 115,57 = 209,43

Au bout de 209,43 jours, les femmes ont donc déjà effectué autant de tâches domestiques que les hommes en une année, c’est-à-dire le 29 juillet à 10h13.

CQFD.

#HackEgalité, 9 mois après

2017-11-28T18:27:29+01:0028-11-2017|Catégories : Actu|Mots-clés : , |

Le 5 mars 2017, au terme de 2 jours de belles rencontres et de travail acharné, le prix de la Ministre en poche, le projet Maydée voyait le jour. 9 mois après, nous avons retrouvé nos co-lauréats L’attrape-sexisme et George le deuxième texte pour raconter notre expérience du hackathon HackEgalité, dans le cadre de la Semaine de l’innovation publique.

L’occasion de faire premier un bilan des trois projets, et de rappeler que l’innovation peut aussi être mise au service de projets citoyens et dédiés à la lutte contre le sexisme : une application web de quantification de travail domestique (Maydée), une plateforme de ressources de textes d’autrices (George le deuxième texte), des serious games pour contrer le sexisme en entreprise (L’attrape-sexisme).

logo hackathon égalité femme homme

Comme toujours, nous avons pris beaucoup de plaisir à parler du projet et à échanger avec celles et ceux qui étaient présent.e.s. Merci à vous tou.te.s !

Merci enfin à l’équipe de Futurs Publics (SGMAP) pour leur invitation, ainsi que leur soutien ces 9 derniers mois ! #OurAdministrationIsGreat

🔁 Séance de rattrapage :

Remise des prix du HackEgalité FH

La genèse

2017-12-14T16:40:32+01:0020-06-2017|Catégories : Le projet|Mots-clés : , |

C’est d’abord une expérience personnelle.

Je n’ai jamais ressenti d’inégalités entre les femmes et les hommes, ni dans mon travail, ni au sein de mon foyer. J’avais le sentiment que tous les combats avaient été menés, et que ces questions étaient dépassées. Pourtant, rétrospectivement, certaines expériences auraient dû me mettre la puce à l’oreille.

Je me rappelle, enfant, les vacances passées chez ma grand-mère avec mes cousins. Ma grand-mère venait systématiquement nous solliciter, ma sœur et moi, quand elle avait besoin d’aide, alors que mes cousins, du même âge, pouvaient continuer à jouer. A la même époque, à l’école primaire, je me rappelle de mes interrogations quand j’ai appris la règle du « masculin l’emporte sur le féminin ».

L’enfance se passe, arrivent les premiers entretiens d’embauche. Là aussi j’avais apparemment décidé de faire l’autruche. Certaines questions m’ont été adressées alors qu’elles n’auraient jamais été posées à un homme. A l’appui quelques exemples. « Comment, allez-vous gérer votre poste quand vous aurez des enfants ? Les horaires ne sont pas conciliables avec une vie de famille » « Quels sont vos projets de vie ? » Et je ne parle pas des remarques sexistes.

Je m’installe avec un homme charmant. On s’entend sur tout sauf sur les tâches domestiques. Je trouve qu’il exagère un peu quand il m’explique qu’il rencontre de vraies difficultés à faire le ménage. Il pense qu’on ne peut pas être doué dans tous les domaines. Pour appuyer ses arguments, il va même m’expliquer qu’il a le même rapport avec le ménage que moi avec les maths ! C’est pénible, ça sent la mauvaise foi, mais une fois de plus je ferme les yeux.

L’arrivée du premier enfant ! Le tsunami. Pas de solution de garde, ce qui entraîne des difficultés à trouver un poste. Le poids des tâches domestiques s’alourdit incroyablement.  Les études de l’INSEE concernant l’inégale répartition des tâches domestiques me reviennent en mémoire. Je me rappelle avoir lu ces chiffres il y a quelques années, à l’époque je me sentais très peu concernée. Il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. A y regarder de plus près, me voilà bien maintenant dans les stats puisque que je me retrouve à gérer 70% des tâches domestiques.

Quelques mois plus tard, j’ai enfin une place en crèche et un nouveau poste qui suit. Au début je me réjouis car je sors enfin de ce foyer où le travail est dur et mal reconnu (je repense à ma mère qui s’est arrêtée de travailler quelques années pour s’occuper de ma sœur et moi, il me semble ne l’avoir jamais remerciée). Ma joie s’estompe rapidement quand je me rends compte que concilier les deux est une mission d’acrobate.

Après une énième engueulade avec mon conjoint concernant la gestion du foyer, face à tant de mauvaise foi, j’ai décidé de comptabiliser tout le travail domestique que j’effectuais. Ce n’est pas tout de faire, il faut faire savoir. De là est née Maydée. N’ayant pas trouvé l’appli qui correspondait à mes besoins, j’ai décidé que je la développerai moi-même, soit une appli de quantification et de valorisation.

J’ai fait l’exercice, j’ai comptabilisé chaque tâche réalisée. C’est à ce moment que je me suis rendue compte des vertus de la comptabilisation. Cela permet certes de quantifier et de valoriser ce travail invisible. Mais cela permet surtout d’objectiver les pratiques au sein du foyer et de déconstruire certains stéréotypes de genre trop intériorisés. Cet exercice m’a permis de mieux comprendre mes pratiques, et de montrer à mon conjoint le temps que j’allouais à l’entretien de notre foyer. Nous avons été tous les deux surpris par le résultat. Cette démarche nous a permis d’entamer une discussion moins basée sur le ressenti. Mon conjoint n’avait pas conscience de tout le temps que je consacrais à cela. Trop souvent les hommes sont exclus des affaires domestiques depuis leur plus jeune âge, et ils ont aussi des stratégies d’évitement. Moi, je ne me rendais pas compte à quel point j’avais intégré que l’espace domestique était le « mien ».

Bref Maydée est pensé comme un outil d’empowerment pour quantifier, valoriser, comprendre et AGIR !

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