Regards croisés : de quoi l’école maternelle est-elle le nom ?
Par Julie Hebting, Co-fondatrice et Responsable de développement de projet chez Maydée.
Une découverte par inadvertance
Depuis peu, mon fils de 3 ans a commencé l’école. Je n’ai rien remarqué au début. Puis c’est devenu une évidence. Le nom de l’établissement, “École Maternelle” me renvoie chaque jour l’idée que c’est mon rôle, un rôle de femmes, de s’occuper des jeunes enfants.
En effet, en regardant de plus près, en me rendant à l’école, le constat était sans appel : il n’y a que des femmes dans cet espace. Ce sont majoritairement les mères qui déposent les enfants le matin et les récupèrent le soir, et le personnel de l’établissement est majoritairement féminin. S’agissait-il d’un épiphénomène ou d’une simple représentation de la réalité ? J’ai mené mon enquête …
Et roulement de tambour … Mon œil ne m’avait pas trompée. Les trajets aller-retours sont majoritairement pris en charge par les mères.
Puis j’ai cherché à savoir qui travaillait dans cette institution. Résultat : l’enseignement public du premier degré est assuré à 83,5% par des femmes. Cette désignation d’école maternelle avait-elle un effet sur le taux élevé de femmes dans l’enseignement du premier degré ? Je ne pense pas qu’on puisse directement faire de lien. Si on regarde chez nos voisins allemands, les enfants vont dans des jardins d’enfants (Kindergarten) et le personnel est aussi majoritairement féminin. Il y a seulement 5,2% d’hommes.
L’effet domino
Il n’empêche que cette découverte a fait écho avec tous les articles que j’avais vus passer cet été. Après le buzz de la BD d’Emma “Fallait demander”, j’ai vu de nombreux articles conseillant aux femmes d’apprendre à déléguer ou à lâcher prise, sous-entendant que l’inégale répartition de la charge mentale serait principalement la faute des femmes qui ne savent pas déléguer, entretenant par la même occasion leur culpabilité. Mon interrogation est simple : comment fait-on pour lâcher prise quand tant de choses dans notre environnement, notre quotidien (école maternelle, clichés sexistes dans la pub, blog de mamans parfaites, …) nous renvoient à notre rôle de femme, de mère ?
Julie Hebting.